Né aveugle dans une famille vigneronne du Gard, Vincent Michel a une sœur et cinq frères dont deux sont aussi aveugles. La cécité occupe une place importante dans le quotidien de la famille et « c’est sans doute la base de la réflexion de mon livre », indique l’auteur.

Croire sans voir est une autobiographie où il raconte sa vie d’aveugle, de son enfance à son engagement militant. À la campagne, son enfance est marquée par l’éveil sensoriel. « Mon frère m’a appris la mécanique, en me faisant toucher des outils. J’ai développé l’ouïe avec les sons de la campagne et les chants des oiseaux. L’odeur du bois, des fleurs et des vendanges ont permis à mon odorat de se construire. Je suis un gourmet, gourmand, j’ai développé le goût en mangeant les bons produits de la ferme », explique Vincent Michel.

Il raconte aussi son adolescence difficile dans une pension ainsi que son parcours dans le supérieur, où le rôle de sa famille et ses amis a été important. « Mes amis venaient le soir me répéter les cours pour que je puisse poursuivre mon cursus, du bac au doctorat. » Jeune adulte, Vincent Michel prend conscience de l’importance de s’engager car selon lui « on ne se fait pas seul ». Président de la FAF pendant treize ans, il est aujourd’hui son président d’honneur. Il a mené de nombreux combats et pour lui, l’accès aux livres et au savoir est primordial : « seulement 8 % des livres sont accessibles aux personnes aveugles, or l’accès aux livres, c’est l’accès au savoir », explique-t-il.

« on ne se fait pas seul »

En octobre 2021, la FAF et d’autres associations ont lancé l’opération Homère dont l’objectif est de mieux connaître les conditions de vie des personnes aveugles. « Très peu de données existent, celles collectées serviront à sensibiliser le public et informer les pouvoirs publics pour une meilleure prise en compte dans les politiques d’aménagement, de formation, d’accès aux transports, etc. L’engagement militant fait bouger les choses et les progrès dans ces domaines avancent même si nous sommes encore en retard », conclut Vincent Michel.

Écoutez l'interview de Vincent Michel sur France Bleu Hérault